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Le secteur du nettoyage face aux défis écologiques

Depuis quelques années, le secteur de la propreté connaît un essor considérable. Pour rester concurrentielles, les entreprises de nettoyage doivent innover et répondre aux besoins et aux attentes de leurs clients, notamment en matière de développement durable. Comment intégrer des process et des produits qui soient moins impactants pour l’environnement ? C’est le défi que doit relever ce secteur déjà très fortement sensibilisé aux enjeux écologiques. Interview de Philippe Jouanny, Président de la Fédération des Entreprises de Propreté.

REALEASE Capital : Qui désigne-t-on quand on parle d’entreprises de propreté ?

Philippe Jouanny

Philippe Jouanny : La Fédération des Entreprises de Propreté, de l’Hygiène et Services Associés (FEP) est la principale organisation patronale d’un secteur professionnel de près de 15 000 entreprises de propreté et d’hygiène d’au moins un salarié (17 milliards d’euros de chiffre d’affaires) qui comprennent plus d’un demi-million d’emplois.

Il est important de souligner que les entreprises de propreté et d’hygiène ne sont pas en charge de la voirie, du nettoiement ni du service à la personne chez les particuliers. Nos entreprises interviennent chez les clients publics et privés dans différents secteurs d’activité comme les transports, les hôpitaux, les écoles, les bâtiments administratifs, les immeubles, les sièges pour garantir la propreté et l’hygiène et la sécurité sanitaire au quotidien pour assurer la qualité de vie et de travail des Françaises et des Français comme l’a soulignée la crise sanitaire que nous venons de traverser.

REALEASE Capital : Qu’est ce qui a changé dans les entreprises de propreté depuis la crise sanitaire ? 

Philippe Jouanny : La crise sanitaire en a été un révélateur. L’enquête, réalisée par l’Institut BVA pour le Monde de la Propreté et présentée à l’occasion de la 17ème édition du Salon EuroPropre (4 au 6 avril 2023) souligne que, pour 96% des actifs, la propreté et l’hygiène sont des critères déterminants pour assurer leur santé et leur sécurité au travail. Deux français sur trois considèrent que leur exigence a augmenté en particulier dans les transports, les commerces, les établissements de santé, les écoles et les crèches.

La reconnaissance du public est à la hauteur de l’importance essentielle et stratégique du rôle de nos entreprises. Nos métiers ont d’ailleurs été reconnus comme faisant partie de la continuité économique et sociale dits de la « 2nde ligne ». Mais force est de constater que la reconnaissance d’un point de vue économique n’est pas au rendez-vous. Après la Conférence de Progrès du 8 septembre 2021 organisée par la Fédération et sous le parrainage et en présence d’Elisabeth Borne  alors Ministre du Travail de l’Emploi et de l’Insertion, nous avons revalorisé les minimas de branche pour tenir compte de cette implication, pour permettre une revalorisation des métiers et plus récemment pour tenir compte de l’inflation, conformément aux engagements réciproques pris avec les parties prenantes, dont l’Etat.

S’il y a des avancées encourageantes qui se développent dans les territoires, force est de constater que l’acheteur public, et en premier lieu l’État, n’est pas encore au rendez-vous de ses engagements notamment pour la revalorisation des prix des marchés publics.

REALEASE Capital : Depuis quand ce secteur a pris conscience de son rôle à jouer en matière écologique ?

Philippe Jouanny : Les questions environnementales sont intégrées depuis près de 15 ans dans les orientations RSE du secteur de la propreté. En 2020, nous avons publié le référentiel RSE des entreprises de propreté, qui a été rédigé par les entreprises, en concertation avec leurs parties prenantes et qui est attesté en cohérence avec les lignes directrices de l’ISO 26000 par AFNOR Certification. Ce référentiel définit ce qu’est une entreprise de propreté responsable. Il aborde de manière pragmatique les domaines de la RSE qui nous concernent quelle que soit la taille des entreprises. C’est un outil qui nous permet de nous engager concrètement à contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Il comporte notamment des engagements sur les sujets environnementaux. Plus récemment, en janvier 2023, la FEP a acté son ambition d’accélérer la transition écologique du secteur du nettoyage par des actions concrètes. Il s’agit d’embarquer largement toutes les fonctions d’encadrement des entreprises de propreté et sur les années à venir, de mesurer les impacts des prestations de propreté qui ne sont pas actuellement documentés, afin de faire évoluer les techniques.

REALEASE Capital : Est-ce que la crise sanitaire a accéléré cette prise de conscience ?

Philippe Jouanny : Malheureusement la crise sanitaire a été une régression sur les questions environnementales et notamment sur les produits. Les protocoles nationaux ont imposé la désinfection qui a un impact non négligeable pour l’environnement, là où les entreprises s’engagent de plus en plus pour des produits à moindre impact et notamment porteurs de labels environnementaux. En sortie de crise, les opérateurs de la branche se sont mobilisés pour faire avancer la désinfection raisonnée. Il s’agit de ne désinfecter que lorsque cela est nécessaire. Pour pouvoir mener cette démarche, nous avons besoin de monter en expertise et que cette expertise soit reconnue par les clients afin qu’ils arrêtent d’imposer de la désinfection lorsque ce n’est pas nécessaire dans le cahier des charges.

Nous avons publié un guide : https://www.monde-proprete.com/desinfection-maladies-manuportees qui présente une méthode d’intervention et nous proposons une formation aux entreprises sur ce sujet.

REALEASE Capital : Pourquoi aujourd’hui l’enjeu écologique est-il fondamental pour ces entreprises de propreté ? 

Philippe Jouanny : Pour tous les acteurs économiques, politiques et de la société civile, l’urgence des questions écologiques n’est plus à démontrer. C’est aussi un enjeu transversal qui devient incontournable dans les entreprises, y compris pour les entreprises de propreté. D’abord, c’est un enjeu business car les clients ont des attentes et des obligations croissantes en matière de préservation de l’environnement. C’est ensuite un enjeu économique puisqu’il apparaît inévitable que les ressources fossiles et minérales s’amoindrissent, le coût des matières premières et de l’énergie augmente. L’enjeu économique engendre indéniablement des conséquences en termes d’emploi et d’attractivité puisque les utilisateurs finaux des prestations sont de plus en plus sensibles à l’environnement qui induit l’enjeu de l’innovation ; il n’y a pas de nouvelle technique possible et acceptable sans un impact moindre démontré sur l’environnement. L’enjeu écologique invoque ensuite l’enjeu du dialogue social puisque l’environnement est un nouveau sujet à aborder avec le comité social et économique (CSE) des entreprises de propreté. Enfin, c’est un enjeu financier puisque les nouvelles réglementations européennes soumettent le financement des entreprises au respect de critères environnementaux.

REALEASE Capital : Aujourd’hui, comment ce secteur relève les défis écologiques qui l’attendent ? 

Philippe Jouanny : Comme je le disais précédemment, en janvier 2023, la FEP a acté son ambition d’accélérer la transition écologique du secteur. Nous avons travaillé ces dernières années sur la réalisation de la cartographie des risques environnementaux de la propreté. Cela a donné lieu à un recueil très fourni d’informations dont nous tirons deux constats majeurs.

D’une part, le sujet est complexe. Pour mettre en place des politiques de réduction d’impact environnemental, il faut aborder des notions basées sur des approches scientifiques (analyse de cycle de vie, enjeux climatiques, biodiversité, santé…). Les entreprises de propreté doivent se former et non uniquement être sensibilisées afin d’intégrer l’approche environnementale dans les modèles d’affaires. Ainsi notre première ambition est :  “comprendre et embarquer”. Nous proposons un dispositif de formation pour les référents Transition écologique. Ce référent sera lui-même chargé de former toutes les fonctions de management de l’entreprise sur les enjeux environnementaux grâce au jeu que nous avons développé, centré sur les enjeux métiers.

D’autre part, le constat que nous faisons, c’est qu’il est nécessaire de mieux comprendre et documenter les impacts de certaines composantes de nos prestations, que ce soit sur les techniques, les matériels, les produits, les consommables ou encore de la logistique et cela sur tout leur cycle de vie. Nous engageons sur les années à venir, des études afin d’alimenter les réflexions qui permettront d’identifier et de promouvoir des solutions techniques et des méthodes d’organisation et d’intervention moins impactantes.

REALEASE Capital : Des solutions alternatives écologiques aux produits de nettoyage existent-elles ? 

Philippe Jouanny : D’une part, les entreprises de propreté utilisent de plus en plus de produits écolabellisés, donc à impact moindre. Il n’y a pas que la formulation des produits qui compte, mais aussi les impacts associés à l’utilisation des produits (logistique d’approvisionnement, emballage plastiques…) et sur ces points il y a énormément d’innovation des fournisseurs. À souligner aussi que les fabricants de produits sont beaucoup implantés localement (France ou Europe), ce qui permet aussi une logistique moins impactante. D’autre part, il y a aussi des alternatives aux produits qui se développent, certaines sont très intéressantes et efficaces. Mais, pour certaines, il serait nécessaire de mieux documenter leur impact réel afin d’éviter le risque de transfert d’impact.

La location financière au service de la transition écologique du secteur du nettoyage

Dans un secteur où les nouvelles technologies doivent s’adapter aux enjeux climatiques, les entreprises de nettoyage peuvent compter sur la location financière. Afin de toujours être à la pointe de la technologie et rester compétitifs, les structures n’ont pas d’autres choix que d’investir dans des équipements de plus en plus innovants et de délaisser leurs matériels vieux et obsolètes. La solution à privilégier pour être toujours en avant-garde reste la location financière car elle permet aux clients de faire évoluer des contrats, de travailler sur un équipement pendant une période spécifique et de passer à un autre matériel plus performant tout cela sans impacter la trésorerie. De plus, grâce à cette solution de leasing, les dirigeants d’entreprises peuvent bénéficier de loyers plus faibles les premières années ou au contraire d’une montée en puissance. La location financière proposée par REALEASE Capital offre la possibilité d’ajuster la durée de la location, la périodicité et le montant des loyers en fonction de la situation des entreprises en cas de ralentissement ou d’accélération de l’activité.

Pour aller plus loin :
Fédération des Entreprises de Propreté

Pour en savoir plus :
REALEASE Capital
Nettoyage industriel : le secteur innove et se digitalise
Robotique Nettoyage et Supply chain : 4 raisons de se tourner vers la location financière
COVID 19 : 5 raisons de choisir un robot de désinfection

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